Le soleil atteignait son zénith, plongeant l’Académie Roselyne dans une lumière éclatante. Les couloirs étaient calmes à cette heure, la plupart des élèves étant soit en plein entra?nement, soit en train de déjeuner.
Zhi Huo marchait tranquillement en direction de ses quartiers, son regard indifférent aux regards curieux de quelques étudiants qui le croisaient. Son dernier cours venait de s’achever, et avec lui, son passage en ces lieux. Il était temps de partir.
Lorsqu’il poussa la porte de sa chambre, tout était déjà prêt. Il attrapa son sac de voyage et le passa sur son épaule, puis jeta un dernier regard à la pièce. Il n’y avait rien ici qui lui appartienne réellement, rien qui le rattache à cet endroit.
Sans un mot, il referma la porte derrière lui et se dirigea vers la sortie de l’Académie. Son prochain voyage l’attendait.
Zhi Huo descendit lentement les marches de pierre menant aux grandes portes de l’Académie Roselyne. Le vent chaud du midi soulevait légèrement les pans de sa tenue, tandis qu’il avan?ait d’un pas mesuré.
Les couloirs vides résonnaient de rares échos, seulement troublés par le murmure lointain des élèves dans la cour. Il ne croisa aucun professeur, aucun administrateur venu lui demander des comptes ou le retenir. Tout s’était déroulé naturellement, comme à chaque fois.
Une fois devant les lourdes portes de l’Académie, il s’arrêta un instant. Il tourna légèrement la tête, observant une dernière fois l’établissement derrière lui. Ce n’était qu’un nom de plus sur sa liste, un arrêt parmi d’autres.
Sans hésitation, il franchit le seuil et s’éloigna lentement. Son regard se porta sur l’horizon. Il savait déjà où il irait ensuite.
Zhi Huo quitta l’enceinte de l’Académie Roselyne et suivit le sentier de pierre qui serpentait à travers une forêt clairsemée, menant à la ville la plus proche. Le chant discret des oiseaux et le bruissement des feuilles accompagnaient ses pas, tandis qu’un vent tiède balayait le chemin.
Bient?t, les premières batisses apparurent au loin. La ville n’était pas particulièrement grande, mais elle servait de centre commercial pour les académies environnantes. Des marchands installaient leurs étals, vantant leurs marchandises à voix haute, tandis que les passants allaient et venaient, occupés par leurs affaires quotidiennes.
Zhi Huo s’arrêta devant une boutique vendant des provisions pour les voyageurs. L’odeur du pain frais flottait dans l’air, mêlée à celle des épices et du thé. Il pénétra à l’intérieur, parcourant du regard les rayonnages remplis de fruits séchés, de viande salée et d’herbes médicinales.
Le vendeur, un homme d’age m?r au tablier usé, leva les yeux vers lui.
"Vous cherchez quelque chose en particulier, voyageur ?" demanda-t-il d’un ton aimable.
"Des provisions pour la route. Des fruits secs, un peu de thé et du pain."
Le commer?ant hocha la tête et rassembla rapidement les articles demandés. Pendant ce temps, Zhi Huo laissa son regard errer sur l’échoppe, observant distraitement les clients qui allaient et venaient.
Lorsqu’il eut réglé ses achats, il rangea calmement ses provisions dans son sac et quitta la boutique sans se presser. Il lui restait encore quelques petites choses à récupérer avant de reprendre son voyage.
Zhi Huo continua de déambuler dans la ville, avan?ant d’un pas tranquille parmi la foule animée. Les rues pavées résonnaient sous le roulement des charrettes et les éclats de voix des marchands, vantant à qui voulait l’entendre la qualité de leurs produits.
Il s’arrêta devant une herboristerie au toit recouvert de mousse. Une légère odeur de plantes médicinales flottait dans l’air. En entrant, il fut accueilli par une vieille femme aux cheveux gris relevés en un chignon serré.
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"Que puis-je faire pour vous, jeune homme ?" demanda-t-elle en l’observant avec un léger sourire.
"Quelques herbes pour le voyage. Camphre de montagne, feuilles de gingko et racines de ginseng séché."
Elle hocha la tête et s’éloigna dans l’arrière-boutique. Zhi Huo observa l’endroit : des étagères pleines de fioles et de parchemins, des sacs d’herbes suspendus au plafond, et une faible lumière tamisant l’atmosphère.
Peu après, la vieille femme revint avec un petit paquet soigneusement ficelé. "Cela vous suffira pour quelques semaines."
Il paya sans discuter et prit l’emballage, le rangeant dans son sac sans se presser. Avant de sortir, son regard glissa une dernière fois sur l’herboristerie, puis il s’enfon?a à nouveau dans les rues animées.
Désormais, il ne lui restait plus qu’à récupérer un moyen pour accélérer son voyage.
Zhi Huo quitta les rues animées et se dirigea vers l’une des grandes portes de la ville. Juste à l’extérieur, sur un terrain dégagé, une caravane se préparait au départ. Des dizaines de marchands et de voyageurs s’affairaient, ajustant les charges sur les chariots, vérifiant les roues et nourrissant les bêtes de somme.
Son regard balaya le groupe avant de s’arrêter sur un homme à la barbe grisonnante, vêtu d’une tunique épaisse et d’une ceinture en cuir renforcé. Il donnait des ordres aux autres caravaniers avec l’aisance de quelqu’un habitué aux longs périples.
Zhi Huo s’approcha calmement. L’homme le remarqua et plissa les yeux.
"Voyageur, tu cherches à quitter la ville ?"
"Oui. Jusqu’à la prochaine grande cité sur la route du nord."
Le chef de la caravane le détailla un instant avant de hocher la tête.
"Nous prenons cette direction, mais le voyage sera long et semé d’emb?ches. Les bandits sont nombreux dans la région."
"?a ne me dérange pas."
L’homme haussa un sourcil, mais ne posa pas plus de questions. "Alors tu peux venir. Nous partons dans une heure. Il y a encore de la place sur l’un des chariots."
Zhi Huo acquies?a et s’éloigna légèrement, observant les préparatifs. Il n’était pas pressé. Ce genre de voyage lui était familier, et il savait qu’un trajet en caravane était l’occasion parfaite pour observer le monde.
La nuit était tombée depuis peu lorsque la caravane se mit en mouvement. Sous la lueur pale de la lune, les silhouettes des chariots et des montures se découpaient faiblement contre l’obscurité. Les lanternes suspendues aux attelages projetaient des ombres vacillantes sur le sol poussiéreux, et seul le crissement des roues sur le chemin brisait le silence pesant de la nuit.
Zhi Huo était assis à l’arrière d’un chariot, adossé contre un sac de provisions. Le vent nocturne soufflait doucement, apportant avec lui l’odeur sèche du désert et la fra?cheur bienvenue de la nuit. Autour de lui, les marchands et les gardes parlaient à voix basse, comme s’ils craignaient de réveiller quelque chose tapis dans l’ombre.
à c?té de lui, Liu Shan, le jeune marchand, regardait le ciel étoilé d’un air pensif.
"Voyager de nuit est plus dangereux, non ?" demanda-t-il à voix basse.
Zhi Huo ne répondit pas immédiatement. Son regard se perdit un instant dans les ténèbres qui enveloppaient la route.
"Tout dépend de ce que l’on considère comme dangereux."
Liu Shan haussa un sourcil. "Les bandits, les bêtes sauvages… Ce genre de choses."
Zhi Huo esquissa un léger sourire. "Et si le plus grand danger était de ne jamais partir en voyage ?"
Liu Shan ouvrit la bouche pour répondre, mais un bruit lointain attira son attention. Un hennissement nerveux, suivi d’un ordre chuchoté.
"à l’arrêt !"
Les chariots s’immobilisèrent brusquement. Un silence pesant s’abattit sur la caravane. Les lanternes tremblaient légèrement sous la brise nocturne, projetant des ombres dansantes sur le sol.
Lentement, des silhouettes émergèrent des ténèbres, encadrant la route. Les torches s’allumèrent une à une, révélant des visages masqués et des lames brillantes sous la lueur vacillante du feu.
Les bandits étaient là.
Un silence lourd s’abattit sur la caravane. Les marchands retenaient leur souffle, tandis que les gardes resserraient leur prise sur leurs armes. Les flammes vacillantes des torches des bandits projetaient des ombres mouvantes sur la route poussiéreuse.
L’un des assaillants s’avan?a d’un pas lent. Son masque de tissu ne cachait pas son sourire narquois. Il portait une épée grossière à la ceinture et une attitude confiante, comme s’il savait déjà comment la nuit allait se terminer.
"Messieurs, mesdames…" Sa voix tra?nante rompit le silence. "Remettez tout ce que vous avez de valeur et nous vous laisserons partir sans encombre."
Liu Shan déglutit difficilement à c?té de Zhi Huo. Il jeta un regard inquiet aux autres marchands, qui échangeaient déjà des murmures nerveux.
Un garde, le visage tendu, fit un pas en avant. "Nous sommes sous la protection du pavillon du Vent écarlate ! Osez-nous attaquer et vous subirez les conséquences !"
Un éclat de rire rauque s’éleva du groupe de bandits. Leur chef secoua la tête. "Le pavillon du Vent écarlate ? Vous pensez vraiment qu’ils viendront vous sauver en pleine nuit, si loin de leur territoire ?"
Zhi Huo observa la scène sans un mot, les yeux mi-clos. Il n’avait pas bougé depuis l’arrêt de la caravane, et son expression était toujours aussi calme.
Liu Shan se pencha légèrement vers lui et chuchota : "Que fait-on ? Ils sont trop nombreux."
Zhi Huo ne répondit pas immédiatement. Il fixa simplement la scène devant lui, comme s’il observait un simple spectacle.
Le chef des bandits claqua des doigts, et ses hommes commencèrent à avancer.
"Prenez ce que vous voulez, mais laissez-nous partir !" s’écria un marchand, les mains tremblantes.
Un garde serra les dents, prêt à tirer son arme, mais un bandit plus rapide plaqua une lame contre son cou, lui arrachant un grognement de frustration.
Liu Shan murmura, paniqué : "On ne peut pas juste rester là à regarder !"
Zhi Huo inspira légèrement, puis, pour la première fois depuis l’embuscade, il parla.
"Pourquoi fuir ce que l’on doit affronter ?"
Liu Shan cligna des yeux, surpris. "Quoi ?"
Zhi Huo se leva lentement, époussetant sa manche d’un geste nonchalant, puis avan?a d’un pas vers le centre de la caravane.
Tous les regards se tournèrent vers lui. Les bandits comme les marchands le fixèrent, interloqués.
"Qui es-tu, toi ?" demanda le chef des assaillants en plissant les yeux.
Zhi Huo sourit légèrement.
"Un simple professeur de passage."
Les bandits éclatèrent de rire.
Mais ce rire s’arrêta net quand une bourrasque froide balaya la route, éteignant plusieurs torches dans un sifflement lugubre.